Depuis plusieurs années, les gestionnaires TI sont confrontés à un enjeu de taille ayant des répercussions de plus en plus significatives sur les budgets d’opération des villes : l’interopérabilité des systèmes.
On définit l’interopérabilité comme étant la capacité d’opérer en commun plusieurs systèmes électroniques ou informatiques hétérogènes. La majorité des municipalités du Québec utilisent des systèmes informatiques développés par des firmes externes indépendantes. Aucune d’elles ne fournit à elle seule l’ensemble des applications requises pour l’exploitation et les services de la Ville.
Qu’arrive-t-il lorsque les systèmes de plusieurs fournisseurs, chacun ayant classé ses données dans un écosystème qui lui appartient, ne communiquent pas ensemble?… C’est cela, le défi de l’interopérabilité. Sans elle, les organisations n’ont pas la flexibilité de transiger avec d’autres systèmes ou d’en extraire des données pour le bénéfice des citoyens. Voilà pourquoi il s’agit d’une nécessité en 2018.
Par ailleurs, le RIMQ exprime de profondes inquiétudes sur les effets à long terme des fusions d’entreprise dans le domaine des TI et leurs conséquences sur l’interopérabilité. La récente transaction entre la firme ACCEO et Constellation Software (PG Solutions) témoigne de l’effervescence du marché et des risques qui y sont associés.
Si de telles fusions en venaient à se multiplier, on pourrait s’attendre à une élimination graduelle de la concurrence entraînant entre autres une hausse des tarifs. Et le problème de l’interopérabilité resterait entier. On peut présager que l’exercice ne se fera pas sans frais, même si les systèmes appartiennent à une seule et même entité. L’enjeu entre les différents fournisseurs s’en trouvera d’autant plus amplifié.
Le RIMQ invite ses membres et les autres associations à porter plus que jamais un regard critique sur le marché lié aux fusions ainsi qu’à l’absence d’interopérabilité des systèmes. L’organisme a adopté une position se déclinant comme suit :
« Le RIMQ considère l’interopérabilité des systèmes essentiels à la bonne gouvernance de nos villes.
• Elle est considérée critique et essentielle dans nos modèles d’évolution des services que nous devons rendre à nos citoyens ainsi qu’à nos partenaires d’affaires.
• Elle doit être un modèle ouvert, sans restriction, même si cette interopérabilité permet la connectivité à un système ou une application d’un fournisseur qui pourrait être en compétition avec vos solutions.
• Elle est nécessaire pour nous donner la flexibilité de faire des transactions par le biais d’autres systèmes, d’extraire les données qui résident dans vos systèmes afin de pouvoir, soit les diffuser ou les manipuler au bénéfice de nos citoyens. Ces données appartiennent exclusivement aux villes et pourront ainsi favoriser la réutilisabilité et la pérennité des données. »
Il est à noter que nous encourageons nos membres à ajouter des clauses d’interopérabilités dans leurs prochains appels d’offres.
Pour cette raison, nous demandons votre collaboration, et ce, dans le but de mettre en place toutes les conditions nécessaires pour établir les bases d’un rapport de force équitable avec nos fournisseurs et, ultimement, établir un partenariat durable entre l’entreprise privée et les Villes qui sont représentées par le RIMQ.
À ce chapitre, je vous invite à prendre connaissance du texte « TI, municipalités et entreprise privée: Pour un rapport de force équilibré » publié (en bas de page) dans l’édition Printemps 2018 du magazine Misa Interface. Je vous invite également à diffuser ce message à tous les membres de votre organisation. N’hésitez pas à communiquer avec moi afin de discuter plus longuement de cet enjeu crucial pour les Villes.
Thierry Houle-Gingras
Président du RIMQ
Chef de division systèmes d’information
Ville de Hampstead